David Dupuis | PhD, Chargé de recherche Inserm (IRIS/EHESS)

Chargé de recherche Inserm

Je mène des recherches à l’intersection des études psychédéliques, de l’anthropologie de la santé mentale et de la psychiatrie transculturelle. Mes recherches portent principalement sur les reconfigurations contemporaines du statut social des substances dites « hallucinogènes » (ou « psychédéliques ») et des expériences catégorisées par la médecine comme « hallucinatoires ». J’explore les implications culturelles, politiques et éthiques de ces dynamiques au sein des sociétés euro-américaines et amazoniennes. Mon travail est appuyé sur des enquêtes ethnographiques menées depuis 2008 en Amérique latine (Amazonie péruvienne, Mexique) et en Europe (Royaume-Uni, France).

J’ai réalisé mon doctorat à l’EHESS/Laboratoire d’Anthropologie Sociale (Paris) sous la direction du Pr. Philippe Descola (2016). J’ai ensuite été chercheur postdoctoral à l’Université de Durham (Royaume-Uni) puis au Musée du Quai Branly (Paris). Ma recherche doctorale, appuyée, sur un travail de terrain de 18 mois en Haute Amazonie péruvienne, s’est centrée sur un « centre chamanique » d’Amazonie. Ces institutions, qui se sont récemment multipliées dans la région, proposent à une clientèle internationale des pratiques inspirées du chamanisme autochtone, tels que l’usage rituel de l’ayahuasca. Mon travail s’est concentré sur la compréhension des dynamiques à travers lesquelles les savoirs culturels, les cadres symboliques, ainsi que les contextes interactionnels et discursifs façonnent l’expérience psychédélique. En étudiant les enjeux de cette dynamique de « socialisation des hallucinations » dans la recomposition de l’identité et la constitution de dynamiques de groupes sociaux, j’ai exploré ses implications dans la transmission culturelle et l’efficacité thérapeutique.

Depuis, les investigations que je mène sont de deux ordres : 1) La globalisation de l’usage des psychédéliques à travers l’essor du tourisme chamanique en Amérique latine et les études cliniques sur ces substances dans les sociétés euro-américaines ; 2) La requalification contemporaine du statut social des expériences dites  » hallucinatoires  » sous l’impulsion de mouvements d’usagers de la psychiatrie comme le Hearing Voices Movement.

Par ma participation à ALIUS (un groupe de recherche interdisciplinaire dédié à l’étude de la diversité de la conscience que j’ai cofondé) et au programme Hearing the Voice (Université de Durham), j’inscris par ailleurs mes travaux dans un dialogue interdisciplinaire impliquant l’histoire, les sciences religieuses, la psychologie, la psychiatrie et les neurosciences. Je suis également consultant scientifique pour des études cliniques et expérimentales impliquant l’utilisation de psychédéliques. Dans ces collaborations, j’exerce une pratique critique de l’interdisciplinarité qui m’amène à questionner, dans une perspective anthropologique, la place grandissante du neurocentrisme dans l’approche du fait humain.

Mots clés

Ethnopsychiatrie, psychiatrie transculturelle et anthropologie de la santé mentale ; Études psychédéliques ; Anthropologie de la conscience : Ethnologie amazoniste ; Études des sciences et des techniques (STS)