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Atelier sur l’ethnographie de laboratoire à la Biennale d’Ethnographie de l’EHESS

Dans le cadre de la Biennale d’Ethnographie de l’EHESS 2022, Lauren Kamili et Elie Danziger organisent un atelier sur le thème « Enquêter dans des lieux de production de savoirs : l’ethnographie de laboratoire ».

La biennale a lieu sur le site de la Vieille Charité à Marseille le lundi 26 et mardi 27 septembre. L’atelier sur les laboratoires se tiendra le lundi 26 de 13h30 à 16h30, en présentiel uniquement.
Lien d’inscriptible gratuit mais obligatoire : https://framaforms.org/inscription-a-la-bee-2022-1656607887

Programme

INTERVENANT·ES

Amélie BARBIER

Le laboratoire des rêves : enquête dans le service des pathologies du sommeil de l’Hôpital de la Pitié- Salpêtrière

Laurine LIÈVREMONT

Les mathématiques sont-elles une science ? Enquête sur les pratiques ordinaires de la recherche mathématique : entre expérimentation et design architectural

Pierrick LEFRANC

À l’interface d’un laboratoire de mathématique et d’un centre de création musicale : la place de l’ethnographe entre art et science

DISCUTANTE

Giulia ANICHINI

(Centre François Viète, Université de Nantes)

Résumé de l’atelier

Depuis les années 1970 et les travaux précurseurs de Latour et Woolgar (1979) ou de Knorr-Cetina (1981), le laboratoire scientifique s’est imposé comme lieu d’enquête ethnographique, dès lors appréhendé en tant qu’organisation sociale avec des activités collectives, coordonnées, hiérarchisées, où un certain nombre d’activités techniques et d’interactions sont déployées dans un effort pour comprendre le monde. Il s’agit ainsi de produire une réflexion sur la production même des savoirs scientifiques, à travers des opérations matérielles et intellectuelles d’enquête et de mise en forme des connaissances. L’ethnographie de laboratoire permet en outre d’étudier comment ces lieux de production des savoirs (Helmreich 1998) sont perméables à des mondes sociaux et institutionnels et à leurs ordres de représentations et de valeurs et inversement, comment ils réarticulent le social en diffusant ces savoirs auprès de différents publics (Franklin 2007).

Un premier volet de cet atelier consistera à identifier les ordres de faits à décrire dans un laboratoire. Que retenir parmi la multiplicité d’objets, de processus, de relations et d’interactions ? Les propositions pourront par exemple interroger :

  • les processus techniques et la matérialité de la production de savoirs : dispositifs d’observation, d’expérimentation, de mesure, d’analyse et d’enregistrement – et les différents usages qui en sont faits ;
  • les processus cognitifs et discursifs d’élaboration d’hypothèses, de vérification de leur validité, de discussion entre chercheurs, de généralisation et de reproduction d’expérimentations ;
  • les relations interpersonnelles et interactionnelles, en termes de rapports de pouvoir (hiérarchie, classe, race, genre, âge) ou de différences disciplinaires et institutionnelles, et leurs effets sur la division du travail scientifique ;
  • les relations avec les non-humains (machines, animaux, microbes, molécules, embryons…) et les activités de production d’images, de textes, de chiffres ou de modèles ;
  • les conditions matérielles de la recherche : modes de financement et contraintes économiques, réponses à des appels à projets, réseaux de laboratoires et de revues,modalités de recrutement de stagiaires, contrats doctoraux, post-docs, entrepreneurs, etc ;
  • le devenir des savoirs produits : leur publication et circulation dans les communautés scientifiques, les dépôts de brevets et les cas d’espionnage ou de plagiat, leur diffusion auprès du grand public, de décideurs politiques ou d’entrepreneurs industriels – et le développement et la transformation de ces savoirs qui s’ensuivent.

Une telle enquête soulève des questions particulières quant aux relations que les enquêteurs entretiennent avec les scientifiques. Cet atelier s’intéresse donc en deuxième lieu aux problèmes méthodologiques liés à la place de l’ethnographe au laboratoire :

  • L’arrivée dans un laboratoire implique l’apprentissage d’un langage et de techniques, comme sur n’importe quel terrain d’enquête. Par qui l’ethnographe est-il pris en charge ? Jusqu’où s’initie-t-il à la pratique scientifique ? Quid des chercheurs qui deviennent ethnographes ?
  • Dans le cadre de l’observation participante, comment l’ethnographe est-il amené à s’insérer dans une certaine division du travail ? Comment peut-il alors collaborer et contribuer à la production de savoir ? Cela peut-il donner lieu à des formes d’interdisciplinarité ? Quelles difficultés cette interférence peut-elle susciter ?
  • Les scientifiques sont dans une position forte d’autorité et de légitimité par rapport aux savoirs qu’ils produisent et peuvent résister aux enquêtes ethnographiques : quelles frictions peuvent apparaître en cours d’enquête ou après publication ?


Bibliographie


FRANKLIN, S (2007). Dolly Mixtures. Durham, NC, Duke University Press.
LYNCH M., 1985, Art and Artefact in Laboratory Science : A Study of Shop Work and Shop Talk in a Research Laboratory, Londres, Routledge & Kegan Paul.

FELT U., R. FOUCHÉ, C.A. MILLER, & L. SMITH-DOERR (eds), 2016, The Handbook ofScience

and Technology Studies, Cambridge, Mass. MIT Press (4th edition).

HELMREICH, S (1998). Silicon Second Nature : Culturing Artificial Life in a Digital World,

Berkeley, University of California Press.

KNORR-CETINA, K (1981). The Manufacture of Knowledge : An Essay on the Constructivist and contextual Nature of Science, Oxford, Pergamon Press.

LATOUR, B & S WOOLGAR (1979). Laboratory Life : The Construction of Scientific Facts, Beverly Hills, Sage Publications.